Brest : La Nuit de Mac Orlan

Publié le 2 Septembre 2014

Stéphane Dugast a beaucoup aimé La Nuit Mac Orlan, et il le dit haut et fort sur son blog "Embarquements". 

Adapter dans un album de bande dessinée, l’univers et les thèmes chers à l’écrivain Pierre Mac Orlan. Un projet assurément fort ambitieux. Un album dans lequel  la ville de Brest est plus qu’un décor…

Universitaire et thésard de l'ouvrage L’Ancre de Miséricorde, Marin débarque à Brest pour y rencontrer un bouquiniste. Ce dernier prétend pouvoir lui communiquer un manuscrit inédit de Pierre Mac Orlan.

Sur place, la trajectoire de Marin va vite dérailler. Marin se retrouve alors en cavale dans la nuit brestoise, traqué par la police, cherchant à reconstituer les morceaux d’un puzzle diabolique.

Dans ce périple entre onirisme, polar et folie, Marin ne serait-il pas devenu lui-même un personnage de roman ?

Disons le d’emblée, cet album BD détonne ! Principales singularités : ses dessins en apparence si sombres et si marquées qui nous plongent au cœur de la nuit brestoise.

Leur travail parle pour eux. Les deux auteurs - Arnaud Le Gouëfflec pour le scénario et Briac pour les dessins – sont assurément à la hauteur de l’œuvre Pierre Mac Orlan.

Les thèmes chers à l’écrivain sont habilement entremêlés : la mer, une femme tentatrice, un bourreau le monde de la nuit, quelques squelettes phosphorescents ou un pirate.

J’ai fait connaissance avec l’œuvre du dessinateur Briac, il y a quelques années au festival Livre et Mer de Concarneau. J’ai adoré son album Armen narrant un passionnant huis-clos entre un gardien de phare et un officier allemand durant la Seconde Guerre mondiale.

Et je ne saurais trop vous le conseiller même si au départ son trait et ses dessins peuvent dérouter. Mais c’est justement là que réside tout son talent.

Brest, c’est la matrice des deux auteurs de l'album La nuit Mac Orlan. Briac est breton, et brestois de coeur. Quant au scénariste, c'est un «caméléon brestois, un  stakhanoviste qui n’a de cesse de s’essayer à tous les styles avec originalité et talent», dixit Brieg Haslé, journaliste BD spécialisé auteur de l'ouvrage Une mode à croquer / Bruno Le Floc'h et son Pays bigouden, lui-même Brestois.

Arnaud Le Gouëfflec est, en effet, un artiste aux mille et uns visages, à la fois romancier, musicien, scénariste de BD et organisateur du Festival Invisible.

N'oublions pas de mentionner le courage et l’audace de la maison d’éditions Sixto de se lancer dans une telle entreprise.

Cet album marie avec élégance un récit ciselé et des dessins fort expressionnistes. Toujours d’après Brieg Haslé, décidément fort bien informé, le dessinateur Briac se serait  plongé intensément dans les ouvrages de l’écrivain de Saint-Cyr-sur-Morin, tout en s’inspirant librement des ambiances de deux adaptations cinématographiques : La Bandera réalisé par Julien Duvivier en 1935 et Le Quai des Brumes filmé par Marcel Carné en 1938.

Autres sources d’inspirations pour Briac : les films de Friedrich Wilhelm Murnau et de Fritz Lang, des peintres comme Soutine, Emil Nolde ou Egon Schiele.

De sérieuses et solides références pour un album BD réjouissant. On plonge avec délice dans la nuit, Brest et Mac Orlan.

Bourrel en plein effort

Bourrel en plein effort

Publié dans #Chroniques

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